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Actualités du CEPAP

14 octobre 2008 : les Echos "la crise de l'immobilier fragilise les collectivités locales". En savoir plus dans la rubrique "le CEPAP dans la presse"

29 septembre 2008 : la crise immobilière devrait amputer les finances des collectivités locales de 7,5 milliards d'euros par rapport à ce que laissait envisager la croissance sur les 5 dernières années. En savoir plus dans la rubrique "les travaux du CEPAP"

 

 

Qui sommes nous ?

Créé en avril 2002, le CEPAP est une association regroupant à ce jour une trentaine d'économistes issus du secteur public, du monde universitaire et du secteur privé (essentiellement conseil, PME et banque).

Le CEPAP a pour ambition de faciliter et relancer le débat de politique économique, trop souvent tronqué. C'est dans cette perspective que ses membres, tous bénévoles, s'emploient à élaborer des analyses donnant un éclairage autre que celui généralement proposé, afin de mieux cerner et définir les arbitrages nécessaires.

 

La tribune de présentation du CEPAP

Cette tribune a été publiée dans le quotidien la Tribune (édition du 5 septembre 2002).

Il est courant d'entendre que l'économie tue le débat politique. Et pourtant, combien d'électeurs sauraient restituer les principaux engagements économiques des candidats à l'élection présidentielle 2002 ? Quelles étaient exactement les divergences de ces candidats quant aux remèdes à apporter en matière de financement des retraites, de baisse du chômage, de création d'entreprises ? Rarement le débat économique a été aussi absent d'une campagne politique. Si l'engagement d'une baisse de l'impôt sur le revenu pris par le candidat Chirac (un tiers en cinq ans) demeure dans les mémoires, peu de personnes ont entendu en quoi était ou n'était pas justifiée cette baisse, quels en étaient les effets économiques attendus.

Baisse de la TVA

Prenons deux exemples récents de dysfonctionnement des rapports entre débat politique et analyse économique. Tout d'abord, la baisse de la TVA sur la restauration. La réponse apportée lors de la campagne présidentielle par les politiques quant à la pertinence d'une telle mesure était que ce n'était pas possible car la Commission européenne ne donnerait pas son autorisation. Plutôt que de préjuger des résultats d'une éventuelle négociation avec Bruxelles, il conviendrait de se demander pourquoi certains réclament une baisse de la TVA, si cette baisse serait économiquement utile et si, oui ou non, il s'agit d'une option politique souhaitée par la majorité des citoyens. Il serait également préférable d'expliquer l'intérêt d'une harmonisation des taux de TVA au niveau européen, plutôt que de présenter le veto de Bruxelles comme une décision arbitraire. La simplification excessive du langage et des idées sous le prétexte d'une plus grande compréhension par les citoyens devient vite caricature.

Baisse des charges

Second exemple : la baisse des charges sociales. Le débat actuel sur cette mesure illustre également les relations ambiguës

entre l'économique et le politique. La baisse de charges s'est retrouvée au coeur du débat politique quand le président sortant s'est emparé d'un article de chercheurs à l'appui de son programme. L'habileté a consisté à présenter sous le sceau de l'évidence scientifique des mesures de politiques économiques en partie contestées. Par ailleurs, les conséquences de l'exonération de charges, notamment salariales, sur le financement de la Sécurité sociale n'ont jamais été mises en perspective. Or le manque à gagner qui en découle pour la Sécurité sociale doit légalement être intégralement compensé par l'Etat. En substituant des dotations d'Etat à des ressources propres, on modifie les termes du dialogue social ainsi que les fondements du paritarisme.

C'est contre ces dysfonctionnements du débat économique public, de plus en plus dangereux pour la démocratie, que nous nous élevons. Nous sommes issus de la haute administration économique et sociale, du milieu bancaire et du monde de l'enseignement supérieur. Techniciens de l'économie, capables de manipuler les différents outils de politique économique, notre objectif est double : 1/montrer à quel moment le débat dérape, à quel instant précis on bascule du débat politique dans la discussion technique et 2/dénoncer le discours idéologique mené souvent sous couvert de science économique en fournissant au débat public les éléments pour contrer ce dérapage.

Toute question économique peut être soumise au débat public car ses conséquences sont toujours politiques et sociales. Pour nous l'objectif est de rendre ce choix enfin explicite, d'informer ce que l'on perd et ce que l'on gagne lors de la mise en oeuvre de telle ou telle mesure politique, de pointer le moment où le débat passe de l'analyse économique au choix politique.

Des moyens d'analyse objective

Il est vrai que l'économie est le plus souvent présentée de manière difficilement compréhensible pour le profane. L'histoire de l'économie est marquée par un mouvement continu d'émancipation de la sphère morale pour tendre vers la scientificité. Etroitement imbriquée aux notions organiques de la cité, l'économie se dégage petit à petit de ce joug éthique pour se définir comme une science. La structuration de l'économie en discipline scientifique fournit au débat politique des moyens d'analyse objective : la science économique doit être au service de l'économie politique. Ce qui importe pour le débat politique c'est le sens, la finalité de l'action, qui constitue l'expression même de notre liberté.

Nécessaires arbitrages

Les responsables politiques annoncent des mesures mais se gardent le plus souvent de discuter de leurs fins. Se faisant, ils confondent instrument et objectif, ce qui constitue un excellent échappatoire au débat politique. L'erreur de nos représentants politiques réside entre autres là : ne parler que des mesures, alors que, ce qui importe, c'est le but poursuivi. Le débat économique est ainsi frappé d'un mal touchant tout le champ politique qui consiste à ne pas discuter l'ensemble des conséquences d'une proposition ou d'une réforme, sous prétexte de ne pas troubler le message. Certes, l'économie impose des arbitrages : tout choix d'orientation économique impose de privilégier une option plutôt qu'une autre. Surtout, la plupart des options de politique économique, comme, par exemple, les conséquences à attendre d'une baisse du temps de travail, sont encore débattues. Prétendre le contraire et le justifier en utilisant l'argument de la science économique relève véritablement de la propagande idéologique.

Le positionnement idéologique n'est pas en soi condamnable, mais ne pas montrer ce qui relève de l'option politique et ce qui appartient au champ de la science économique constitue un refus du débat démocratique.

Ce n'est pas l'économie qui tue la politique mais la rage de certains de confondre les fins et les moyens. Avant même de savoir si on désire engager une mesure de politique économique, avant même de s'interroger sur ses conséquences, les politiques se concentrent sur le moyen de le faire et les instruments disponibles. Or cette question est secondaire. Le choix de politique économique ne se limite pas à l'instrument de politique économique, car l'analyse du technicien n'a pas à passer avant la volonté souveraine.